
Cycle de séminaires « Décoloniser la pensée - Regards autochtones »
Diana T’ika Flores Rojas (Aymara), doctorante en Sociologie à l’université pontificale catholique du Pérou (PUCP)
Mardi 10 juin, 17h-19h, Salle Théodule Ribot, 29 rue d’Ulm
Résumé
Nous partageons cet échange à ce séminaire pour discuter du lieu de la politique et du politique dans les luttes des peuples Quechuas et Aymaras de l’Ande péruvien. Nous faisons allusion précisément aux disputes démocratiques des acteurs du Sud andin et de la région de Puno dans les récentes manifestations face au gouvernement de Dina Boluarte, dont la répression étatique est responsable du meurtre de plus d’une cinquantaine de citoyens. A cette fin, nous faisons la mémoire de comment on a envisagé de cerner la participation politique des peuples autochtones ou originaires au sein des républiques auparavant colonisées par la couronne espagnole, en réfléchissant à propos des contradictions et possibilités que la reconnaissance de leurs droits politiques à la fin du XXe siècle a entraînée.
Ce bref exercice historique nous permettra de mieux comprendre les stratégies politiques que – dérivées de cet apprentissage – les peuples du sud andin péruvien sont en train de développer pour faire face au racisme et se réaffirmer comme des sujets politiques face à un état-nation non seulement excluant mais ancré dans une société profondément coloniale et classiste. Nous nous focaliserons sur deux parmi ces nombreuses stratégies : le sens de la dignité des acteurs de Puno au sein des manifestations en recrudescence depuis décembre 2022 face à la destitution de l'ancien président Pedro Castillo, et aussi, au sein du leadership communautaire exercé et revendiqué par les femmes autochtones du sud andin. Puis, nos réfléchirons sur les paradoxes et défis auxquels ces stratégies politiques défiantes de la démocratie libérale font face.
Biographie
Diana T’ika Flores Rojas est activiste d’éducation Quechua et Aimara, liée à des processus de défense des droits territoriaux et environnementaux, des femmes et des animaux. Elle a été enseignante universitaire à Lima et Puno. Actuellement, elle est doctorante boursière en Sociologie à l’université pontificale catholique du Pérou (PUCP) et effectue un séjour de recherche à l’Institut de sciences sociales de l’université de Lisbonne (UNMSM). Diplômée d’un Master en Politiques publiques (Flacso-Equateur). Ses expériences vont de l’éducation populaire, la communication politique et stratégique aux travaux auprès d’organisations sociales pendant plus d’une douzaine d’années, en passant par le secteur public dans les domaines de la communication politique et interculturelle.